Cultive

L'agriculture française traverse une crise systémique profonde, marquée par quatre défis majeurs : le renouvellement des générations, la pérennité des fermes maraîchères, l’intégration des NIMA (Non Issus du Milieu Agricole), et la nécessaire adaptation au changement climatique. Ces enjeux sont liés, complexes, et doivent être abordés de manière structurelle pour préserver l’avenir de notre agriculture.

Le renouvellement des générations : une relève en péril

La France a perdu 400 000 agriculteurs exploitants en quarante ans. En 1982, ils représentaient 7,1 % de l’emploi total, contre seulement 1,5 % en 2019 (INSEE). Les exploitants vieillissent : plus de 55 % ont 50 ans ou plus, contre 31 % dans le reste de la population active. Et à peine 1 % d’entre eux a moins de 25 ans. Cette pyramide des âges est un indicateur d’urgence absolue : 50 % des agriculteurs vont partir à la retraite d’ici 2030 et malheureusement le renouvellement ne suit pas : un exploitant sur trois n’est pas remplacé lors de son départ en retraite (INSEE).

La fragilité économique des fermes maraîchères

Les fermes maraîchères, pourtant essentielles à la souveraineté alimentaire, sont massivement en difficulté. En France, 60 % d’entre elles échouent et ferment dans les 4 à 5 ans après leur création en raison d’une formation inadaptée aux réalités du terrain. Le pays compte quatre fois moins d’exploitations agricoles qu’en 1970, et depuis le début de l’année 2022, 10 % des exploitations de maraîchage ont fermé (VizAgreste). La France ne couvre que 60 % de ses besoins en légumes, et ce chiffre risque de chuter à un tiers si cela se poursuit (source).

Les NIMA : une nouvelle génération mal accompagnée

Face au désengagement des enfants d’agriculteurs, la relève repose en partie sur les NIMA (Non Issus du Milieu Agricole) qui constituent une opportunité de renouvellement pour le secteur. Ils sont parfois enseignants, ingénieurs ou salariés en reconversion, souvent animés par un profond désir de sens, mais leur parcours est semé d’obstacles. Un accès difficile à la formation adaptée encore trop pensées pour des jeunes en filière initiale, difficulté d’accès au foncier, poids des normes et des dispositifs... peu de dispositifs existent pour valoriser les compétences des personnes en reconversion (source).

Le changement climatique : double menace pour l’agriculture

Enfin, l’agriculture est à la fois victime et actrice du dérèglement climatique. Elle génère 24 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notamment à travers le méthane (ruminants), le protoxyde d’azote (engrais) et la déforestation pour les cultures animales (GIEC, 2014). Mais c’est aussi l’un des secteurs les plus vulnérables aux dérèglements : sécheresses, inondations, salinisation des terres, parasites, et imprévisibilité climatique affectent déjà la productivité et la viabilité des systèmes agricoles.

Il devient urgent d’accélérer la transition vers un modèle agroécologique : réduction des intrants, polyculture-élevage, agroforesterie, agriculture de conservation des sols. Cependant le changement reste lent face à l’ampleur des enjeux. Les producteurs européens doivent respecter des normes élevées sur l’environnement, la santé et le social qui sont parfois inadaptées aux petits modèles diversifiés et agroécologiques, tandis que les produits importés ne sont pas toujours soumis aux mêmes exigences.

En bref, le monde agricole français se trouve à un tournant historique. Ces défis systémiques poussent à repenser en profondeur l’accompagnement, la formation, l’accès au foncier, et les modèles économiques des fermes maraîchères.

Nous avons choisi de financer Cultive un acteur qui s’engage pour une agriculture plus durable, résiliente et accessible.

Porté par une équipe d’agriculteurs expérimentés, ce projet propose un modèle concret et structuré pour accompagner l’installation de nouveaux maraîchers et maraîchères sur des fermes biologiques, à taille humaine, économiquement viables et porteuses de sens. Cultive s’appuie sur une méthode agricole éprouvée, inspirée de l’agroécologie et des techniques bio-intensives. Pensée pour être rapidement réplicable, elle permet d’atteindre une triple performance :

• économique : jusqu’à 250 000 € de chiffre d’affaires annuel sur quelques hectares,

• écologique : gestion économe en eau, régénération des sols, séquestration de carbone,

• sociale : 35 heures annualisées, ancrage local, meilleure qualité de vie au travail.

Cette méthode est mise en œuvre sur la ferme pédagogique de Montaigu (Vendée), pensée comme un lieu de production, d’apprentissage et d’expérimentation. Autour de ce socle technique, Cultive a conçu un parcours métier complet, structuré en cinq étapes :

1. Formation théorique (4 mois),

2. Formation pratique (8 mois),

3. Première expérience encadrée en ferme,

4. Accompagnement à l’installation (conception, foncier, lancement) grâce à leurs partenaires

5. Suivi individualisé pendant les cinq premières années de production.

Cette progression sécurise les trajectoires, souvent fragiles, des porteurs et porteuses de projet. Elle s’adresse aussi bien à celles et ceux qui souhaitent créer leur ferme qu’à ceux qui préfèrent s’insérer dans un projet existant via le salariat.

Nous sommes allés filmer sur place, à la rencontre des agriculteurs de demain.

Un projet qui coche toutes les cases